Adjugé vendu 360.000€ : une toile d’Alexandre-François DESPORTES (1661-1743) aux pièces d’orfèvrerie de Thomas Germain

Alexandre-François DESPORTES (Champigneulles, 1661 - Paris, 1743)
Nature morte aux pièces d'orfèvrerie de Thomas Germain, vase de porphyre, porcelaine chinoise, pêches et bigarades.
Toile
Sans cadre
Hauteur : 186 cm
Largeur : 100 cm
Dans la bibliographie, le tableau est mentionné comme signé et daté de 1740.
Restaurations anciennes
Étiquette d’exposition hommage à Chardin, à la galerie Heim Paris 1959, intitulé le buffet, numéro 41. 

Historique :
- Proviendrait des collections de Jean Baptiste Machault d'Arnouville (1701 - 794) (Lastic, 1969);
- collection Jean-Baptiste-Claude Odiot, sa vente Tableaux anciens  et  modernes  (école française  du  XVIIIe siècle)  et  objets d’art et  de  curiosité provenant  de  la  succession  de  feu  M.  Odiot, Paris, 25-26 mars 1869, n° 3;
- collection comte de La Béraudière;
- collection Louis Guiraud, Paris;
- collection Jacques Helft;
- offert par Jacques Helft à Monsieur et Madame Arturo Lopez Wilshaw

Bibliographie :
- Michel Faré, La nature morte en France, Genève, Pierre Cailler, 1962, vol. I, p. 210, vol.2, repr. 321 ;
- Georges de Lastic, Catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné de François Desportes, mémoire de l'Ecole du Louvre, dactylographiée, 1969, n° 1379;
- Michel et Fabrice Faré, La vie silencieuse en France. La nature morte au XVIIIe siècle, Fribourg, Office du Livre, 1976, repr. 90;
- Jacques Helft, Nouveaux poinçons, Paris, éditions Berger-Levrault, 1980, p.384-385, repr. avec son cadre probablement d'origine;
- Christiane Perrin, François Thomas Germain orfèvre des rois, Saint-Rémi-En-l'Eau, éditions Monelle Hayot, 1993, p. 98;
- Dominique Chevé, Fabrice Faré, "Les tableaux de trompe-l’œil ou la jouissance de l'illusion", Le Trompe-l’œil. De l'Antiquité au XXème siècle (sous la direction de Patrick Mauriès), Paris, Gallimard, 1996, p. 206
- Pierre Jacky, François Desportes (1661-1743), thèse de doctorat, dactylographiée, Université de Paris IV, Sorbonne, 1999, t. IV, p. 812-813.
- Georges de Lastic, Pierre Jacky, Desportes, Catalogue raisonné, Saint-Rémi-En-l'Eau, éditions Monelle Hayot, 2010, vol. 1, p.224 et vol.2, p. 229, n°P820, repr. en noir et blanc.
- Michèle Bimbenet-Privat, Florian Doux, Catherine Gougeon, Orfèvrerie de la Renaissance et des temps modernes, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle La collection du musée du Louvre, Dijon - Paris, éditions Faton – Louvre édition,  2022, Vol.2, p.195.
- Christophe Huchet de Quenetain, l'orfèvre Besnier (1686-1754), 2024, rep.p.249.

Expositions :
- Exhibition of old french Gold & Silver plate XVIth to XVIIIth century, A. Seligmann Galleries, New York, décembre 1933, n°81, repr. avec son cadre probablement d'origine.
- Exposition Orfèvrerie française civile de province du XVIème au XVIIIème siècle, Paris, musée des Arts décoratifs, 1936. 
- Exposition Hommage à Chardin, Paris, Galerie Heim, 6 juin - 10 juillet 1959, n°41.
Vers 1720, Desportes peint son premier « grand buffet d'orfèvrerie », qui  constitue une évolution de ses natures mortes de déjeuner en largeur. Citons ceux conservés au Metropolitan Museum à New York (vers 1720), et trois autres en collections particulières. Ils étaient destinés à être accrochés dans les boiseries de salles à manger, au-dessus de dessertes en marbre sur lesquelles étaient posés des plats d'orfèvrerie et diverses victuailles servies aux invités. Organisés de façon pyramidale, ces véritables trompe-l’œil décoraient les pièces avec un faste inédit. Sur ces dressoirs, des objets luxueux manufacturés et des produits du jardin ou de la ferme, se détachent sur un fond de ciel.

Ici, un vase en porphyre est placé au sommet sur un socle de marbre vert orné de têtes de satyres et d'une coquille en bronze doré. En dessous, sur un entablement en partie recouvert d'une draperie de velours rouge, sont installés des vases en pierre dure (agate), deux bols en porcelaine de Chine et trois pièces d'argent de Thomas Germain (1673- 1748). Le pot à oille, orné d'une couronne comtale, est un modèle de Thomas Germain, repris par François-Thomas Germain ; un exemplaire très semblable daté 1741-1744 est connu (ancienne collection Jacques Helft). 

Plus bas, au centre, un plat à ragoût polylobé, bordé de joncs, à deux anses, est très semblable au plat à anses réalisé par Thomas Germain en 1733-1734 et ayant appartenu au service Orléans-Penthièvre (Paris, musée du Louvre) ; seul diffère le décor de joncs qui l'enserre. De part et d'autre de ce dernier, on découvre deux autres plats rectangulaires du même orfèvre. Ces trois pièces reflètent des pêches contenues dans une terrine dont les prises sont en forme de hures de sanglier (ce modèle de Thomas Germain apparaît en 1733). Sur la console en marbre, deux oranges, un jambon entamé et une tranche découpée sont placés dans des plats de service plus
simples du quotidien.

Notre tableau est souvent comparé à la Nature morte à la terrine de pêches et aux deux perdrix, directement achetée à Desportes par le comte Tessin, et ramenée par lui en Suède (vers 1739-1740, Stockholm, Nationalmuseum). La même terrine et le même jeu de reflets des fruits dans le plat posé derrière s'y retrouvent. Il est aussi mis en rapport avec deux études de pièces d'orfèvrerie sur fond rouge, l'une conservée au musée des Arts décoratifs à Paris, l'autre à la manufacture nationale de Sèvres. On retrouve également dans un tableau conservé au musée de Mulhouse le même pot à oille que dans notre tableau. 

Notre toile a la particularité d'avoir appartenu au célèbre orfèvre, Jean-Baptiste-Claude Odiot (1763-1850), puis au grand antiquaire, Jacques Helft (1891-1980), expert en orfèvrerie ancienne, dont les ouvrages sur ce domaine et notamment ses études sur les poinçons font référence aujourd'hui encore. Ce n'est probablement pas un hasard s'il a collectionné les oeuvres de Thomas Germain comme les seaux à bouteilles du service Orléans-Penthièvre, qu'il vendit à David David-Weill qui les a donnés au musée du Louvre en 1946.

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