Bien que le XIXe siècle soit synonyme de déclin économique pour la dynastie Qing, ce n’est pas le cas de la porcelaine qui propose encore, sous l’empereur Jiaqing, des chefs-d’œuvre comme ce vase de la famille rose aux ornements foisonnants. une multitude de fleurs et de symboles bouddhiques envahissent la surface. Chacun est dessiné avec un beau naturalisme et une précision rare, « d’une qualité équivalente aux créations de la fin du XVIIIe siècle », d’après l’experte Alice Jossaume, avec « un beau fond bleu, pas poudré mais opaque, très rare, sur lequel ressortent très bien les fleurs roses ». Un décor parfaitement équilibré organisé autour d’une fleur de fruit de la passion, espèce exotique pour les Chinois. Celle-ci est attachée en partie inférieure à un motif de nœud sans fin, évoquant l’interrelation et l’interdépendance de tous les événements dans le monde. Il renvoie aussi au concept du cycle éternel de la vie, de la mort et de la renaissance. Dessous, des plaques sonores (instruments de musique en jade épais pour cérémonie religieuse) sont reliées aux multiples fleurs de lotus et rinceaux. En partie supérieure, le caractère shou, motif récurrent sur les céramiques et caractère auspicieux de la longévité, ainsi qu’une chauve-souris, homophone du mot «bonheur» : fu. Les anses sont en forme de sceptre ruyi, ce qui rapproche ce vase d’un autre de la même période de The Complete Collection of Treasures of the Palace Museum, Gugong - Porcelain with Cloisonne Enamel Decoration and Famille Rose Decoration (Beijing, n° 173, page 196). Le pied et le rebord du couvercle sont ornés d’une frise de grecques de ce superbe rose qui caractérise le décor dit « yangcai », signifiant aux « couleurs étrangères », obtenu grâce à l’introduction par les jésuites au XVIIe de l’émail rose dit « pourpre de Cassius ». Il était réservé aux pièces de grande qualité, souvent issues des ateliers impériaux de Jingdezhen. Ce vase porte la marque de Jiaqing, le fils de Qianlong. Lors de son règne, entre 1796 et 1820, malgré les soulèvements dans les campagnes et la menace commerciale européenne, l’art de la porcelaine poursuit brillamment la tradition instaurée sous son père.

Article de la Gazette Drouot, Caroline Legrand, Publié le 27 novembre
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🔨Samedi 07 Décembre 2024 - 13:30

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